Alors que la 2ème guerre mondiale s'achevait avec les séquelles que l'on sait en Europe, au Proche-Orient commence une interminable guerre. 

Deux phases vont présider à la création de l'État d'Israël ; la première fut la guerre d'indépendance contre l'Angleterre, quasi occultée. L'attaque en 1946 de l’état-major britannique à l'hôtel King David fut l'action la plus spectaculaire de cette lutte. Les Anglais se trouvèrent alors devant un dilemme, évacuer la Palestine ou écraser ses 600.000 Juifs par l’utilisation massive de l’aviation, l’artillerie et les chars. 
Après bien des hésitations à cause de la proximité de la Shoah, ils optèrent simultanément pour les deux alternatives. Ils évacuèrent le pays, mais ils remirent leurs installations et leurs armes aux Arabes partisans du Mufti de Jérusalem, Amine el Husseni(1). 

Le 18 février 1947, les Britanniques annoncèrent l'abandon de leur mandat.
Le 29 novembre 1947, l'Assemblée générale des Nations-Unies vota le plan de partage de la Palestine avec le soutien des grandes puissances, mais pas celui des Britanniques. L'ensemble des pays arabes s'y opposèrent. Le plan de partage attribuait à Israël la moitié la moitié de la portion résiduelle(23% de la Palestine mandataire) que les Britanniques avaient concédée en 1924 au Foyer national juif. 
Carte du plan de partage 
Le 14 mai 1948, le mandat britannique prit fin. Le jour même, l’Etat d’Israël fut proclamé et la guerre éclata.
 

La déclaration d’indépendance, lue aussitôt par Ben Gourion dans le hall du musée de Tel Aviv, comportait le passage suivant : « Aux prises avec une brutale agression, nous invitons cependant les habitants arabes du pays à préserver les voies de la paix et à jouer leur rôle dans le développement de l’État sur la base d'une citoyenneté égale et complète et d'une juste représentation dans tous les organismes et les institutions de l’État, qu'ils soient provisoires ou permanents. Nous tendons la main de l'amitié, de la paix et du bon voisinage à tous les États qui nous entourent et à leurs peuples. Nous les invitons à coopérer avec la nation juive indépendante pour le bien commun de tous. L’État d'Israël est prêt à contribuer au progrès de l'ensemble du Moyen-Orient. »


La deuxième phase fut après le vote de l'ONU et la déclaration de la création de l'État, en 1948, la guerre contre les armées arabes qui envahirent le pays.

Le lendemain de la déclaration, le 15 mai, six armées arabes comprenant les forces égyptiennes, jordaniennes, syriennes, irakiennes, libanaises auxquelles s'ajoutait l’armée de libération arabe franchirent les frontières du nouvel Etat juif, Elles étaient supérieures en nombre et en équipement mais divisées en ce qui concerne le commandement. Le 11 Octobre 1947, Azzam Pacha, Secrétaire général de la Ligue arabe a déclaré: 
« Ce sera une guerre d'extermination et de massacre mémorable, qui ressemblera aux massacres tartares, ou aux guerres contre les croisés(2) ».
Aux USA, le Département d'État avertit Ben Gourion qu’ «une déclaration d'indépendance conduirait à un second Holocauste juif(3)». 

Carte de 1948 après l’’invasion des armées arabes. Cette carte ne figure jamais dans les récits faits par les historiens pro-palestiniens. L’objectif arabe était de jeter les juifs à la mer, de les exterminer. Cette carte du premier juin 1948, où il ne reste de l’Etat d’Israël, en jaune sur la carte,réduit à peau de chagrin, que quelques poches de résistance, montre qu’ils ont bien failli réussir.

Les combats très durs et meurtriers furent intenses jusqu’au 11 juin 1948, mais les hostilités se prolongèrent jusqu’en juin 1949. La contre-attaque s’organisa. Entre le 28 et le 30 octobre 1948, la Galilée a été intégrée à l’Etat d’Israël à la suite du succès d’une offensive contre l’armée de libération arabe menée par la brigade Golani. Elle avait été baptisée " Opération Hiram ".

A la fin du conflit l'Etat d'Israël aura élargi ses frontières et signé des accords de cessez-le-feu avec tous les pays belligérants à l’exception de l’Irak qui a retiré ses troupes mais officiellement maintenu l’état de guerre. Cette guerre s’acheva par une douloureuse victoire d’Israël (6 000 tués israéliens et 12 000 blessés graves, 3% de la population).

Carte d’Israel, janvier 1949

Dans le même temps, les obédiences maçonniques s’opposèrent également.
Les obédiences anglo-saxonnes présentes en Egypte, et dans ce qui deviendra en 1949 la Jordanie, s'opposèrent aux obédiences latines auxquelles le frère François Collaveri, alors sous-préfet dans les Bouches-du-Rhône apporta une aide précieuse.
Ce fut lui qui intervint pour empêcher le vice-consul britannique de surveiller le célèbre bateau Exodus auquel il accorda les 48 heures d’avance qui lui permirent d’échapper à la marine de guerre britannique et de tenter de rallier Israël.

Léon Zeldis (les loges existant en 1948 avant l'indépendance)


En 1953, après des tractations ardues, toutes les loges d'Israël décidèrent de se rejoindre dans une obédience unique, la Grande Loge de l'État d'Israël, reconnue « régulière(4) » par la Grande Loge Unie d'Angleterre. Elle fut installée par des frères du rite Ecossais au YMCA de Jérusalem.

Carton d'invitation à l'inauguration

Environ 80 loges furent enregistrées à la Grande Loge de l'État d'Israël, elles se répartissaient respectivement en 6 confessions différentes (juive, arabe, chrétienne, druze, grecque orthodoxe et copte) qui travaillaient en 8 langues (hébreu, anglais, arabe, français, roumain, allemand, espagnol et turc). Elles élisaient ensemble leur Grand Maître qui a été à quatre reprises un Arabe israélien.
Léon Zeldis déclara que "la Franc-Maçonnerie est l'une des nombreuses institutions qui encouragent activement une meilleure entente entre les différents segments ethniques et culturels de la société israélienne, particulièrement entre les frères juifs et arabes, et qui concourent à l'intégration sociale des immigrés(5)".


Enveloppe 1er jour pour la Grande Loge de l’Etat d'Israël

Après bien des discussions entre les frères de Barkaï, la partie de la loge qui était restée au Grand Orient de France fut à nouveau mise en sommeil. La destruction de ses archives durant la 2ème guerre mondiale à l'annonce de l'entrée imminente des troupes allemandes nous prive de l'essentiel, c’est-à-dire le contenu des travaux que vraisemblablement nous ignorerons toujours.

Les événements de la décolonisation conduisirent à un nouveau renversement diplomatique : Influencés par la France, les Anglais consentirent à la participation d'Israël dans l’affaire du Canal de Suez. C'est à cette époque qu’une photo a présenté le général Moshé Dayan dans la salle du rez-de-chaussée de l’hôtel du Grand Orient à Paris et que de nombreuses manifestations eurent lieu en France pour la sauvegarde d'Israël avec le soutien de nombreux francs-maçons du Grand Orient de France. Les francs-maçons Guy Mollet et Gaston Monnerville(6) faisaient partie du « Comité pour le droit d’Israël à l’existence ». Le gouvernement français dirigé par le frère Guy Mollet était déterminé à protéger Israël et voulait éliminer Nasser soutien des nationalistes algériens.

Rappelons le rôle de notre frère Guy Mollet dans cette affaire de Suez(7):
Militant socialiste, initié franc-maçon à la loge La Conscience à l’Orient d’Arras, Guy Mollet fut résistant dès 1942. Il était pacifiste mais considérait qu'être pacifiste ne doit pas empêcher d’adopter une position de fermeté face aux dictatures, de prendre les risques d’une guerre pour les faire céder et donc sauver la paix. Ne plus faire montre de lâcheté comme on l’a vu pendant la Guerre d’Espagne à partir de 1936 et après la capitulation de Munich, en 1938.

Guy Mollet rencontra, pour la première fois à la fin 1955, Shimon Pérès, alors directeur de l’armement au ministère israélien de la Défense et très souvent en France. C’est Pérès qui avait sollicité ce rendez-vous, sur les conseils de Jacob Tsur, l’ambassadeur d’Israël en France. Si la SFIO était alors dans l’opposition gouvernementale, ses chances d’un retour « aux affaires » paraissaient envisageables, et le socialiste Pérès vint rencontrer son camarade français. Ce dernier lui promit un soutien sans faille. Pérès n'y cru guère, comme il le raconte dans son livre La Force de convaincre (paru en 1981), convaincu que les socialistes des différents pays sont toujours avec Israël quand ils sont dans l’opposition, mais jamais quand ils sont au pouvoir. Guy Mollet, en conclusion de cet entretien, lui demanda d’attendre et de juger sur pièce. L'année 1956 témoigna qu'il n'avait pas menti. De nombreuses raisons peuvent être avancées à propos du soutien de Guy Mollet à Israël. La Seconde Guerre mondiale ainsi que les lâchetés politiques à l'encontre des dictatures avant 1939 ne pouvaient que le conduire à soutenir cet État, dans la tradition des socialistes français, Léon Blum en particulier. L’homme Guy Mollet (mais aussi le socialiste) regardait d’un œil attentif un pays qui construisait au quotidien une société socialiste, en respectant la démocratie, un terme important dans cette région qui ne la cultive guère. 

L'affaire de Suez

En Égypte, le colonel Nasser, raïs d'Egypte, avait organisé, en 1952, le renversement du roi Farouk et pris le pouvoir. Sa volonté hégémonique autour de la notion de panarabisme a été développée dans son livre paru en 1953 Philosophie de la Révolution : unifier le monde arabe « de l’Océan atlantique au golfe Persique ». Bien évidemment, il entendait aussi régler définitivement la question d’Israël. Une partie d'échecs s'engagea à l'échelle de la planète. Français et Britanniques voulaient sanctionner Nasser et faire respecter le droit international. Israël fut associé aux manœuvres de Londres et Paris par Guy Mollet. L'URSS de Khrouchtchev soutint l'Egypte. Les Etats-Unis imaginaient, volontiers, la mise hors-jeu de Paris et de Londres.

Les Britanniques étaient divisés quant à un recours à la force, mais le gouvernement français était déterminé à protéger Israël et voulait éliminer Nasser soutien des nationalistes algériens. 
Le 29 octobre, les Israéliens déclenchaient l'attaque dans le Sinaï. Le 5 novembre, les parachutistes français et britanniques sautèrent sur le canal de Suez. 
Le 6 novembre, Moscou et Washington s'unirent pour faire plier les deux puissances occidentales et imposer un cessez-le-feu.
Echec de l'alliance entre les Britanniques, les Français et les Israéliens ? Peut-être. Mais Israël fut sauvé et les volontés expansionnistes de Nasser brisées.

Guy Mollet considérera comme une des fiertés de sa vie d’avoir "sauvé" Israël et de ne pas avoir consenti à un nouveau Munich.
En 1959, Guy Mollet fut l’invité d’honneur lors des cérémonies du 11ème anniversaire de la naissance de l’Etat hébreu. C’était son premier voyage dans ce pays. Il fut accueilli à sa descente d’avion par David Ben Gourion et la quasi-totalité du gouvernement israélien.
Il fut fait citoyen d’honneur de Tel Aviv et acclamé partout sur son passage. De nombreux hommages lui furent rendus, ainsi celui du secrétaire général du Mapaï(8) : « Par son action à l’époque de la campagne du Sinaï, Guy Mollet a prouvé que les valeurs du mouvement socialiste international n’étaient pas de vains mots ».
On trouva dans les archives de Guy Mollet une ultime lettre de Shimon Pérès, en avril 1973 : « Nous savons ce que nous vous devons, et nous continuons à accorder à l’amitié une place importante, tout en ayant appris, par l’expérience, que les intérêts peuvent parfois l’emporter. Personne en Israël ne peut penser à vous sans un élan de reconnaissance et un élan d’amitié ». La période 1956-1957 constitua un moment exceptionnel d’amitié et de fraternité entre la France et Israël. Cette amitié n’était pas uniquement l'apanage du monde politique, elle était partagée par les Français dans leur quasi-totalité. Par la suite, la France a pour des raisons économiques plutôt penché du côté des adversaires d’Israël, tout en défendant, prétend-elle, le droit à l’existence de l’État juif.

Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, Nasser sortit renforcé de sa défaite. Avec Tito et Nehru, il prit l'initiative du mouvement des pays non alignés qui allait désormais peser sur la géopolitique mondiale.

L'URSS, et avec elle l'ensemble des Partis Communistes du monde a changé radicalement sa position sur l'Etat d'Israël, comme le démontre la lecture de l'Humanité, organe du Parti Communiste Français, qui soutint à l'origine la création d'Israël et qui allait devenir l'un de ses pires ennemis. Extrait du journal l’Humanité "Tel-Aviv, 14 mai 1948(9)" "J’ai assisté cet après-midi à la proclamation solennelle d’Israël, le nouvel Etat juif, en lutte pour sa vie dès le moment de sa naissance. Pendant que Ben Gourion, premier Président du Conseil d’Israël, et d’autres dirigeants politiques faisaient à Tel-Aviv leurs déclarations devant le Conseil d’Etat, la « Légion » transjordanienne, contrôlée par les Anglais, attaque les villages juifs et démontre à Kvar-Izion que l’armée juive (la Haganah) n’est pas encore prête pour faire face effectivement aux forces mécanisées commandées par des officiers anglais….. C’est cette situation militaire très dangereuse qui rehausse l’initiative du peuple juif affirmant son indépendance". 


Le Parti Communiste français, dans une déclaration de son Comité Central disait à l'époque:

« Le mandat taché de sang est liquidé par la lutte héroïque du peuple juif pour son indépendance et par l’aide de l’Union Soviétique et de toutes les forces démocratiques du monde. Mais cette lutte pour l’indépendance n’est pas encore terminée. Les armées anglaises restent sur le sol d’Israël et la Légion Arabe attaque. Il nous faut mobiliser toutes les forces du peuple juif pour la lutte en faveur de sa liberté ». Le discours a bien changé. Soixante-six ans plus tard, ce même journal l'Humanité appelle à manifester contre Israël en association avec des organisations qui défilent aux cris de « mort aux juifs » et « mort à Israël », derrière les bannières du Jihad islamique et des Frères Musulmans.


La conférence Tricontinentale qui se tint en janvier 1966 à La Havane modifia profondément et durablement la situation au Proche-Orient. Cette conférence qui aurait dû se tenir sous la présidence de Mehdi Ben Barka(10) rassembla la totalité des « démocraties populaires », les mouvements révolutionnaires et de nombreux pays du tiers-monde, les pays arabes et les organisations palestiniennes. Cuba, qui jusque-là avait entretenu des relations très proches avec Israël(11) prit, sous la pression de l’URSS, la tête d’une croisade antisioniste.
Dans ce contexte furent entre autres décidées : la désignation des Etats-Unis comme principal ennemi, la condamnation du sionisme, la délégitimation d’Israël et la création de l’OSPAAAL(12) dont les fonctions sont:
- Appliquer les mesures en vue de rendre effective la lutte armée contre la " violence impérialiste ".
- Promouvoir et coordonner la solidarité effective des mouvements de libération nationale.
- Apporter une aide morale, politique et militaire à ces mouvements, notamment à ceux qui luttent les armes à la main contre le colonialisme et l’impérialisme.
- Organiser une campagne constante contre la politique croissante d’agression impérialiste dans le monde(13).


Est-ce un hasard ?
De retour de la conférence, l’URSS,l’Egypte, la Syrie, la Jordanie et les organisations palestiniennes prirent les mesures qui allaient conduire inévitablement à la " Guerre des six jours " en juin 1967.
Arrivés à ce stade, nous devons faire un peu de sémantique. Jusqu’à cette date, ceux que l'on nommait "Palestiniens" étaient les Juifs vivant en Terre Sainte.

La Palestine pour la Société des Nations était le Foyer Juif.
Dans la revue " Palestine " créée en 1927 par l’Association juive France-Palestine, le sénateur Justin Godart écrivait : " Il a été décidé dans le concert des nations civilisées, que la Palestine redeviendrait la patrie des Juifs à qui a été refusée une patrie, qu’ils y retrouveraient la liberté et le bonheur, qu’ils y redresseraient la tête, qu’ils y épanouiraient leur esprit, et qu’ainsi, entre les Juifs, l’égalité devant Dieu et devant les hommes serait rétablie.
A cette oeuvre prêchée par un prophète Théodore Herzl, voulue par des hommes résolus comme le Dr. Weismann, comme Sokolov et tous ceux qui les assistent, à cette reconstitution d’un Foyer Juif pour les Juifs sans foyer, le monde entier assiste avec étonnement et admiration. "



En 1948, le sionisme donnait naissance à l'Etat d'Israël, préférant ce nom à celui de Palestine inventé par l'empereur Hadrien après l’écrasement de la révolte de Bar Kokhba, en 135 après JC, pour rayer de la carte la Judée qui avait osé se dresser contre l’Empire Romain.

Dans un de ces retournement de l'histoire dans lesquels la propagande soviétique excellait, transformant les victimes
en bourreaux et les réfugiés en envahisseurs, les acteurs de la Tricontinentale ont récupéré le nom de « Palestine » pour créer, en 1966, le peuple palestinien, exclusivement arabe.
Jusqu’en 1966, les Arabes de la région n’étaient pas appelés « palestiniens »(14). Si vous consultez les dictionnaires et encyclopédies d’avant-guerre, c’est ce vous trouverez. Le drapeau de Palestine qui est représenté est bleu et blanc avec une étoile de David jaune au centre. Si on appelait « palestinien » un arabe, offensé il répondait « je ne suis pas juif »(15).

Un tour de passe-passe, une usurpation d’identité organisée par les soviétiques et les pays musulmans à la conférence tricontinentale de la Havane a permis de récupérer le nom de Palestine pour l’appliquer aux Arabes. Les Russes appellent ces manipulations « la guerre hybride ».

Voir « Une usurpation d’identité ». Article paru dans Mabatim.Info.

D’autres guerres et d’autres troubles ont suivi.
L'événement le plus important qui toucha le peuple israélien et la maçonnerie fut, en 1979, la venue du général Sadate à Jérusalem. Après trois conflits, un rapprochement pouvait s'imaginer. Le fait que le général Dayan fût un « enfant de la Veuve » comme le général Sadate(16) le facilita.

Le sort réservé au général Sadate par les frères musulmans traduit bien les différences entre les deux approches maçonniques dans la société musulmane telles que nous avons les déjà décrites : l'opposition entre les frères musulmans et les nationalistes.

A la question : « Est-ce que les Francs-Maçons ont joué un rôle dans le dialogue israélo-arabe ? », Antoine Sfeir répondait :
« Ils ont essayé, certainement. […] Au Levant, ils ont été obligés de s'adapter, j'allais dire, à l'hypocrisie ambiante : on parlait avec les Israéliens, mais dehors dans le secret et la clandestinité. On ne communiquait pas à l'intérieur du système national. Pas dans les pays, pas dans le cadre classique. A l'extérieur, en visite à Paris, ou à Londres. A Paris, par exemple, on se retrouvait, on échangeait, il y avait même des réunions entre loges, entre obédiences... […]. Grâce à cette discrétion, des travaux importants ont été accomplis dans les loges. Ces travaux-là […] ont été passés à qui de droit et ont fait leur chemin ». 

Dans son dictionnaire de la Franc-Maçonnerie, Daniel Ligou écrit à la rubrique Israël : « Dans une situation politique à la fois instable et dramatique, le peuple maçonnique est un modèle d'unité et de fraternité. Il y a des loges pratiquant l'hébreu et d'autres utilisant l'arabe. Il y a des loges arabes à peuplement islamique et des loges arabes chrétiennes, de familles conservatrices traditionnelles des Lieux saints. Le record des loges polyglottes de l'anglais au roumain, de l'italien au français, semble atteint, l'arabe étant fréquent et l'hébreu généralement parlé. Ethnies et religions sont représentées en Grand Conseil. La fraternité fait bloc. Exemplaire dans le présent, la maçonnerie israélienne est peut-être là-bas un exemple pour l'avenir". 

Est-ce que les Francs-Maçons ont joué un rôle dans le dialogue israélo-arabe ? Selon le Grand Orient Arabe Œcuménique, la Grande loge de l’Etat d’Israël aurait rendu hommage par une plaque aux « Francs-Maçons de la Paix ».


Si l’appartenance du roi de Jordanie à la Franc-Maçonnerie ne fait pas de doute(17), il n’y a pas de source sérieuse qui atteste celles d’Yitzhak Rabin(18) et de Bill Clinton. Mais on peut, même s’ils n’ont pas été initiés en bonne et due forme, les qualifier de « maçons sans tablier ». 


Le général Itzhak Rabin, le président Bill Clinton et le roi Hussein de Jordanie 

Il a fallu attendre 1975 pour voir renaître le Grand Orient de France en Israël avec l'Etoile de Jérusalem. Un bosquet de 1500 arbres a été planté. Le Grand Maître Jean-Robert Ragache qui l'a inauguré a souligné le double symbole de cette plantation qui marque d'une part l’enracinement du peuple juif sur sa terre, et d'autre part la volonté d'un avenir pacifique d'hommes libres et égaux. Le Grand Orient de France a aidé Neve Shalom - Wahat as-Salam(20), un village où se sont établis conjointement des Juifs et des Arabes palestiniens, tous citoyens d'Israël. Il contribue aussi à l’association « Un cœur pour la paix » qui soigne en Israël(21) les enfants palestiniens, de Cisjordanie et Gaza, atteints de pathologies cardiaques.

On trouve aussi en Israël les principales obédience françaises, Grande Loge de France, Grande Loge Féminine de France, Droit Humain.

L'obédience la plus importante est la Grande Loge de l'Etat d'Israël, obédience dite "régulière" selon la Grande Loge Unie d'Angleterre. Elle comporte 50 loges qui travaillent dans plusieurs langues dont une en français et quatre en arabe. Elle a élu à plusieurs reprises un Grand Maître arabe israélien.

Notes : 

1- Razzak Abdelkader : le conflit judéo-arabe : juif et arabe face à l’avenir. P. 209.
2 - Dans le quotidien égyptien Akhbar al Yom, le 11 Octobre 1947.
3 - « Les réfugiés arabes de 1948 : les circonstances et leur nombre imaginaires »parYoram Ettinger
http://theettingerreport.com/Palestinian-Issue/1948-Arab-refugees--concocted-circumstances-and-nu.aspx
4 - Si elles sont tolérantes sur la religion de leurs membres, les loges régulières exigent la croyance en Dieu.
5 - Luc Nefontaine et Jean-Philippe Schreiber – Judaïsme et Franc-Maçonnerie.
6 - Guy Mollet était président du Conseil (premier ministre), Gaston Monnerville président du Sénat.
7 - Denis Lefèvre. Il est l'auteur de "Les secrets de l’expédition de Suez, 1956". Il est journaliste, rédacteur en chef des publications de l'OURS (Office Universitaire de Recherches Socialistes. Ses livres et ses articles couvrent deux champs principaux : l'histoire du socialisme et celle de la Franc-Maçonnerie.
8 - Mapaï : Parti des travailleurs d'Eretz Yisrael. Ce parti politique israélien de gauche était le premier parti d'Israël puis il fusionna au sein du Parti Travailliste en 1968.
9 - http://akhsahcalebunblogfr.unblog.fr/2011/06/30/israel-mai-1948/ 
10 - Mehdi Ben Barka fut enlevé Le 29 octobre 1965, devant la brasserie Lipp à Paris. Son corps ne fut jamais retrouvé. L'enquête judiciaire n'est toujours pas terminée, l'implication des pouvoirs politiques marocain et français dans cet enlèvement reste controversée, la rumeur implique même le Mossad. 
11- En 1963, Fidel Castro avait même décrété un deuil national de trois jours à la mort du Président de l’État d’Israël, Yitzhak Ben Zvi. 
12 - Organisation de Solidarité des Peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine. Cette ONG qui promeut la lutte armée et qui a été réprimandée en 2004 pour activités antisémites, a obtenu un statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations Unies. 
13 - J.-J. Brieux La "Tricontinentale" - Politique étrangère - Année 1966.
14 - Le nom « Palestine » avait été donné par les Romains après l’écrasement au 1er siècle de la Judée lors de la révolte de Bar Kochba. En 1948, le nom d’Israël lui a été préféré car il symbolise l’universalité du peuple juif.
15 - Il existait toutefois un nationalisme palestinien, pendant du sionisme.
16 - Muhamad Anwar Sadat fut membre de l’A.E.O & A.N.O.M.S. (Ancient Egyptian Order & Arab Noble Of The Mystic Shrine (Al Diar – 18 juillet 1998), quand à Moshe Dayan, seule la rumeur l'atteste. Sa photo fut pourtant exposée dans le hall du GODF, rue Cadet.
17 - Affilié à la Grande Loge de Jordanie qui dépend de la Grande Loge de Londres, il était Grand Commandeur et Grand Maître au 33° et Grand Maître d’Honneur de la Grande Loge des Pays-Bas. Il a été initié à La Grande Loge Libanaise des Pays Arabes (Obédience fondée en 1936 par le Vénérable Maître Georges Risqallah) sous le mandat du Grand Maître Hunein Kattini.
Source : Qittini Hinayn, Al Binaya al hurra… Mnaymeh, Beyrouth.
18 - On trouve Itzhak Rabbin cité comme franc-maçon dans l'article "Finding the Freemasons in Jerusalem" paru dans Israël Hayom le 27 avril 2012. 
19 - Annales du Grand Orient de France n° 4 de 1973 et David Berdougo – Vénérable de l'Etoile de Jérusalem. 
20 - Fondé en 1969 par Bruno Hussar, un prêtre dominicain, sur des terres de l’Abbaye de Latroun.
21 - A l’hôpital Hadassa de Jérusalem.