Réponse (imaginaire) à la lettre ouverte de Richard Rossin

Cher docteur Rossin,

En vérité votre lettre m’attriste beaucoup, et je ne puis me consoler, comme l’écrivait Vigny à Mme Hugo, que vous ayez pu me croire bien indifférent ou bien léger. Mon action contre l’antisémitisme est visible. J’ai même déclaré, le 16 juillet dernier, que l’antisionisme est une forme d’antisémitisme et que je condamnais l’assassinat de Mireille Knoll, j’ai même donné du « cher Bibi » au premier ministre israélien. J’ai déploré l’augmentation des actes antisémites en France. Tout cela m’a valu bien des reproches des amis de Pascal Boniface et du Monde Diplomatique.

Je comprends vos interrogations, doutes et incompréhensions sur ma politique concernant l’Etat d’Israël. Mais que voulez-vous ? Je ne suis que président de la République ! Je ne peux aller contre les opinions de mes ministres, Castaner et Ferrand entre autres. Il me reste si peu de soutiens.  Il est évident qu’on doit tolérer les manifestations et les slogans de  BDS, il faut choisir entre la loi et la paix civile. Il faut adapter la loi de 1905 à l’Islam pour maintenir l’équilibre entre la laïcité et la charia. J’ai déjà suffisamment de problèmes avec les gilets jaunes, je ne voudrais pas y ajouter les gilets verts.

Vous me traitez d’équilibriste, l’équilibre est difficile. Nous sommes sous la menace du terrorisme islamique. Il faut négocier avec le Hamas et le Hezbollah et l’Autorité Palestinienne, les soutenir financièrement pour ne pas les provoquer. Bien que je n’adhère pas aux menaces de l’Iran, je dois faire semblant de les approuver pour des questions économiques. Il nous faut voter systématiquement à l’ONU les résolutions anti-israéliennes pour nous concilier les bonnes grâces de l’OCI, et si nous ne le faisions pas, l’ONU n’aurait aucune justification puisque c’est sa seule activité. Israël est un état démocratique qui ne nous menace pas, il faut donc adapter notre politique arabe de la France au chantage des dictatures islamiques à la fois beaucoup plus dangereuses et plus rentables économiquement.

Je suis un ami d’Israël. La preuve, j’envoie quantité de ministres et responsables politiques à Tel Aviv, chercher des solutions qui pourraient aider la France. Dans la sécurité, les hautes technologies, l’agriculture, la santé, l’eau et autres. Je n’y vais pas moi-même pour ne pas me compromettre mais je maintiens encore l’équilibre entre l’ambassade de France à Tel Aviv et le Consulat général à Jérusalem, ambassade de France auprès des palestiniens.

Vous voyez, cher docteur Rossin, que malgré les pressions et les difficultés, je fais ce que je peux pour rester votre ami. L’exercice de la Présidence n’est pas facile et aux prochaines élections je vous exhorte de voter pour moi.

Bien cordialement,


Klod Frydman

pour le président Emmanuel Macron