Israël et les Nations Aujourd’hui
1. Des changements inimaginables sont survenus dans les rapports entre Israël et les Nations au cours des 125 dernières années. Pourquoi 125 ans ? Parce que c’est alors qu’un des fondateurs l’Ecole des Sciences Politiques publie Israël chez les nations où il dresse bilan édifiant de l’état de la nation juive. 2. Leroy Beaulieu décrit 7 des 8 M de Juifs de l’époque, parqués c des bêtes, soumis à des lois d’exception, en état d’extrême pauvreté, quittant la Russie, la Pologne et la Roumanie en quête de liberté et de mieux être. 3. La plupart étaient prêts à se dénationaliser et à se séculariser pour sortir de cet enfer. A terme la nation juive allait s’éteindre. Mais les nations d’Europe ne voulaient pas de ces étrangers si disposés à renoncer à leur nation et à adopter la leur. La haine des Juifs allait atteindre sommets sans précédent. 4. L’l’idée de rétablir un Etat juif sur la terre des ancêtres était bien dans l’air, mais c’était pure chimère. De toute façon, souligne Leroy Beaulieu même en ajoutant le désert de Syrie elle ne pourrait accueillir une telle masse. 5. Aujourd’hui, Israël s’est maintenu comme nation, s’est rétabli sur la terre de ses ancêtres comme Etat Nation, au prix d’une terrible saignée, 6.000 tués, 12.000 blessés graves, des 600.000 juifs de l’Etat naissant d’Israël! 6. Israël est reconnu par la plupart des membres des Nations Unies. 33 des 56 membres avaient approuvé le plan partage de la Palestine. Aujourd’hui 158 des 198 membres ont des relations diplomatiques avec l’Etat d’Israël. 7. Israël a normalisé ses relations avec ses exterminateurs et persécuteurs, avec l’Allemagne, l’Autriche, le Vatican, l’URSS, la Pologne, l’Espagne … et un nombre croissant de nations coopèrent avec lui. 8. Certains observeront qu’il n’y a là rien de nouveau, pensant à la coopération pour la formation et le développement qui avait marqué les rapports entre Israël et nombre de pays africains après leur accès à l’indépendance. 9. Ils n’auront peut-être pas en mémoire les crocs en jambe de certaines puissances mécontentes de cette intrusion ni des promesses faites par les pays arabes pour mettre un terme à ces coopérations.
10. La différence aujourd’hui est dans la variété des domaines de coopération, et dans le fait que de plus en plus de pays en sont demandeurs. Un des exemples les plus impressionnants de cette soif de coopération est celui de l’Inde. 11. Ce pays de 1,2 milliards d’habitants, dont 150 millions sont musulmans, a été le chef de file des Non Alignés et a entretenu d’étroites relations avec les pays arabes et les Palestiniens. Ce n’est qu’en 1992 qu’il a établi des relations diplomatiques complètes avec Israël et la première visite officielle d’un premier ministre de l’Inde ne date que de l’année passée. 12. Les échanges n’ont cessé de s’élargir. En 2015 ils dépassaient les 1,5 milliard $, surtout des armes et des diamants taillés. Avec l’arrivée au pouvoir du parti nationaliste hindou BHARATIYA JANATA, et la nomination de NARENDRA MODI comme Premier Ministre, les relations ont pris une autre tour. 13. A savoir une coopération de plus intime et plus stratégique. Cela a débuté par une coopération pour développer l’agriculture via la mise en œuvre de « centres d’excellence » puis par une coopération pour contrer le terrorisme. 14. S’est élargi au développement en commun de missiles et d’un programme spatial, et à la création d’un centre d’initiative pour le développement de l’innovation, c’est-à-dire à la coopération de scientifiques indiens et israéliens pour apporter des réponses aux défis auxquels le sous-continent indien doit faire face. 15. Lors de la visite du Premier Ministre d’Israël, en janvier 2018, son hôte NARENDRA MODI s’est véritablement coupé en quatre pour l’accueillir de manière exceptionnelle.[1] 16. NARENDRA MODI a exprimé le souhait qu’Israël double voire triple la trentaine de centres d’excellence de l’agriculture pour parvenir à ce que le revenu des paysans qui forment encore la majorité de la population indienne soit multiplié par 4 voire par 5 dans les cinq prochaines années ! 17. L’Europe s’est intéressée depuis longtemps au potentiel scientifique d’Israël. Depuis plus de 20 ans Israël est membre à part entière des programmes de recherches de l’Union européenne, comme s’il était membre de cette union. Le dernier programme en date est celui dit Horizon 2020 et porte sur une enveloppe 80 milliards $ pour la recherche et l’innovation. 18. De même, Israël qui jusqu’ici n’était qu’un partenaire associé de l’OSCE, l’Organisation de la Sécurité et de la Coopération en Europe, a été accueilli comme membre à part entière du Comité ad hoc de lutte contre le Terrorisme de son Assemblée Parlementaire. 19. Selon la déléguée d’Israël, MK ANAT BERKO, les Européens ont besoin de notre expérience, ils comprennent qu’Israël est comme le canari dans une mine de charbon quand il s’agit de lutter contre le terrorisme. Ils se rendent compte du danger que représente l’Iran pour l’Europe. Ils sont en train de modifier leur attitude envers Israël. J’espère le voir dans les votes aux NU et CS. Après tout, les informations que nous leur avons fourni en matière de terrorisme et de sécurité ont été significatifs pour eux »[2] 20. Au cours des trois dernières années, plusieurs pays européens ont fait état d’attentats qui avaient été déjoués. Dans bon nombre de cas c’était grâce à des informations fournies par Israël. Dans le cas de la France, il s’agit de plusieurs dizaines d’attentats, comme je l’ai appris moi-même de 1° main. 21. On se souvient de l’annonce faite par les Etats Unis interdisant tablettes et ordinateurs portables pour les vols partant du Moyen Orient, pour mettre en échec des attentats planifiés par l’Etat Islamique. Cela faisait aussi suite à une information fournie par Israël. 22. Cela est bien naturel dans cadre des relations stratégiques qu’Etats Unis et Israël entretiennent depuis des années et qui ont permis à Israël d’avoir accès à des systèmes d’armes réservés aux Etats Unis. 23. On a expliqué le caractère privilégié de ces relations stratégiques étroites par les valeurs que partagent ces deux pays, la Bible, la suprématie du Droit, de la Démocratie et la mobilisation de la communauté juive. A vrai dire, tous ces éléments n’ont eu qu’un poids marginal. 24. Ce qui a été décisif, c’est la plus-value apportée par Israël comme allié stratégique. Le tournant s’est opéré en 1966, en pleine guerre du Vietnam, lorsqu’Israël a fourni aux Etats Unis un Mig 21, l’avion soviétique le plus performant de l’époque, dont le MOSAD avait organisé la défection. Idem en 1970 pour un nouveau type de radar soviétique installé sur l’île Ras GHARIB en Egypte, démonté et transporté en Israël, puis remis aux Etats Unis. La coopération stratégique entre les deux pays n’a fait que s’élargir et s’est traduit entre autres par le développement en commun de missiles anti missiles, des manœuvres conjointes et un conseil commun de réflexion stratégique. 25. La cerise symbolique sur ce bilan plutôt positif est l’annonce de la visite officielle en Israël du Prince William. C’est la fin de 70 ans de rebuffades au cours desquelles le Royaume Uni, ulcéré d’avoir été éjecté de Palestine par une poignée de Juifs, avait snobé Israël et l’avait traité comme un Etat « Paria ». 26. Elizabeth II a effectué plus de 250 voyages officiels dans 129 pays, ni elle, ni aucun membre de la famille royale, n’est jamais venu en visite officielle en Israël. Le prince Philippe, dont la mère, la Princesse Alice de Grèce, est ensevelie à Jérusalem sur le Mont des Olivers, n’a été autorisé qu’en 1994 à se rendre sur sa tombe, et seulement à titre privé ! 27. Alors tout va-t-il pour le mieux ? Absolument pas. Parallèlement à cette tendance à l’acceptation de l’Etat d’Israël et à la coopération avec lui, il continue à faire l’objet de rejet, de sape et de vives critiques. 28. La contestation et la sape idéologique, politique, juridique d’Israël par des Etats, des organisations internationales, des ONG, des partis, des individus, n’a jamais cessé, au point que certains ont qualifié l’Etat d’Israël de « Juif des Nations ». C’est une formule frappante, mais elle rend de moins en moins compte de la réalité des rapports entre Israël et les Nations. 29. La plus grave contestation d’Israël est probablement la résolution 3379 de l’Assemblée Générale des NU (1975) qualifiant le sionisme de racisme. Le but de cette résolution concoctée par l’URSS était de retirer toute légitimité au mouvement national fondant l’Etat d’Israël pour préparer le terrain à son remplacement par l’Etat de Palestine revendiqué par L’OLP. Ce n’est qu’après l’éclatement de l’URSS que l’action conjointe menée à partir de 1985 par Israël, l’Australie et les Etats Unis a obtenu son abrogation en 1991, un phénomène sans précédent dans les annales des Nations Unies. 30. La sape contre Israël, le refus de son existence, le rejet de sa légitimité n’a pas cessé pour autant. Ces actions de sape sont aujourd’hui surtout le fait d’opérations convergentes voire conjointes au régime islamiste iranien, aux Palestiniens et à leurs alliés respectifs dans les opinions publiques de bon nombre de pays démocratiques. 31. Les actions de sape s’incarnent dans le mouvement BDS qui excelle dans la culture du sophisme, qui dit lutter contre la politique de peuplement d’Israël en décourageant les investissements dans ce pays, mais qui de fait ne vise qu’à miner la légitimité de son existence. 32. La critique de l’Etat d’Israël ne se limite pas à sa politique de peuplement. Elle s’est centrée sur quatre autres sujets, à savoir qu’il cause l’instabilité au Moyen Orient, qu’il est coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, qu’il ne respecte pas le statut de Jérusalem et est responsable de l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix avec les Palestiniens. 33. Pendant des années bon nombre ont martelé l’antienne qu’Israël était le facteur principal d’instabilité au Moyen Orient. En 2001, l’ambassadeur de France au Royaume Uni, Daniel Bernard, donna libre cours à cette opinion en confiant à son hôte Lord Black que tous les problèmes actuels du monde venaient de « ce petit pays de merde Israël ». Pourquoi le monde devrait-il risquer une troisième guerre mondiale à cause de ces gens ?[3] 34. Tout en reconnaissant s’être exprimé de façon un peu leste, il tenta de maquiller ses préjugés en expliquant qu’il avait simplement voulu faire valoir que la tragédie israélo-palestinienne avait pris place dans une zone géo limitée, l’équivalent de 3 départements F, qui depuis 40 ans souffre d’un conflit dont la solution équitable semble plus hors de portée que jamais.[4] 35. Les avatars du « printemps arabe », l’instauration de l’Etat islamique, le disloquement de nombre de structures étatiques, les guerres civiles en Syrie, au Yémen, en Lybie, les menées de l’Iran, ont mis en évidence que l’instabilité de cette région avait peu à voir avec le problème palestinien qui n’est pas, il s’en faut, le seul problème d’autodétermination agitant cette région. On pense bien sûr aux Kurdes. Il n’y a pas qu’eux. Et tous ces peuples sont bien plus mal lotis que les Palestiniens. 36. De fait l’État d’Israël apparait de plus en plus comme l’un des rares facteurs de stabilisation de cette région ébranlée par les coups de boutoirs d’El QAIDA, de l’État islamique et par les menées du régime islamiste iranien pour en prendre le contrôle. 37. Israël apparaît de moins en moins comme l’ennemi des Etats Arabes et de plus en plus comme un partenaire voire un allié de la plupart d’entre eux. Quel retournement inouï de situation ! Certains, en particulier, les Palestiniens ont beaucoup de mal à se faire à ce changement et crient à la trahison. 38. Le grief de crime de guerre défini entre autres dans la IV° Convention de Genève [5] et celui de crime contre l’humanité défini dans le statut du Tribunal de Nuremberg[6] et dans celui de la TPI, a été assené par le Conseil des D-H des Nations Unies pour condamner Israël tant pour les colonies établies en Cisjordanie que pour les opérations contre le Hamas dans la Bande de Gaza. 39. Pour ce qui est de la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, Israël a annoncé qu’il appliquerait cette convention à la Cisjordanie tout en ne considérant pas ce territoire, la Judée et la Samarie, comme territoire occupé. 40. En effet, pendant 18 ans, de 1949 à 1967, la Cisjordanie a été annexée sans titre, par la Jordanie, sans que ce territoire soit qualifié d’occupé et sans qu’il y ait eu la moindre revendication palestinienne pour en faire un Etat palestinien. 41. Par ailleurs, les accords d’Oslo II conclus entre Israël et l’OLP en 1995, ont donné à la Cisjordanie un statut intérimaire qui l’a divisé en trois zones, en en faisant autre chose qu’un territoire occupé. La zone A (18%) est administrée exclusivement par l’AP, la zone B (22%) est administrée conjointement par l’AP et Israël, la zone C (60%) exclusivement par Israël.[7] 42. La Haute Cour de Justice d’Israël a appliqué la IV° convention de Genève et déclaré illégales les colonies établies sur des terres appartenant à des personnes privées et ordonné leur démantèlement. Ce qui a été exécuté. Par contre elle a considère comme légales les colonies établies sur des terres domaniales relevant de l’Etat. 43. Quant aux opérations menées par Israël contre le Hamas dans la Bande de Gaza, on se souvient du fameux rapport GOLDSTONE de 2009 concernant l’Opération Plomb Durci, accusant Israël, le Hamas et d’autres organisations palestiniennes de s’être rendus coupables de crimes de guerre et probablement de crime contre l’Humanité. 44. Moins de 2 ans après avoir rendu son rapport, le juge GOLDSTONE, a reconnu avoir été abusé et s’est rétracté.[8] Il a reconnu que son rapport était fondé sur des informations insuffisantes, douteuses ou fausses : si j’avais su alors ce que je sais aujourd’hui le rapport aurait été différent. Les soldats israéliens n’ont pas tiré délibérément sur des civils et les autorités israéliennes ont investi des moyens très substantiels pour enquêter sur ce qui posait problème. Les accusations de crime de guerre à l’endroit d’Israël étaient infondées. 45. Par contre les roquettes tirées par le Hamas prenaient délibérément pour cibles des civils et le Hamas n’a procédé à aucune enquête sur les tirs de mortiers et roquettes dirigés contre des civils israéliens pour en établir la responsabilité. Il a commis des crimes de guerre. 46. La commission d’enquête établie (2014) par le Conseil des Droits de l’Homme suite à l’opération TZUK EITAN (Bordure protectrice) et présidée par W. SCHABAS a été un fiasco, car Israël a refusé de coopérer avec cette commission qui avait d’emblée exprimé ses préjugés et a suscité la création d’une commission d’enquête formée de personnes indépendantes. Du coup SCHABAS a démissionné. 47. Grâce aux garde-fous qui encadrent la démocratie israélienne, en premier lieu la Haute Cour de Justice et le Contrôleur de l’Etat, l’Etat d’Israël a réussi à émousser le mordant d’une bonne partie de ces griefs. 48. Mais la démocratie israélienne garde-t-elle ou gardera-t-elle toujours son mordant ? L’efficacité de ses gardes fous n’est-elle pas en train de s’éroder, comme le clamait crument l’écrivain David GROSSMAN lors de la remise du titre de docteur honoris causa par l’Université de Jérusalem (1 VI 2017) 49. Il avait alors dit que la démocratie israélienne n’était plus une démocratie, mais une démocratie trompeuse qui risquait bientôt d’être un mirage de démocratie. Un Etat qui depuis 50 ans occupe un autre peuple et refuse sa liberté peut-il véritablement prétendre qu’il est une démocratie ? Est-il possible d’associer le mot démocratie à celui d’occupant ? [9] 50. Ces propos cinglants, sans doute intolérables pour nombre d’Israéliens, n’ont pas empêché leur auteur d’être désigné comme lauréat du prix de littérature de l’Etat d’Israël pour 2018. 51. Cette mise en garde doit être prise au sérieux. A cette réserve près qu’on doit tout aussi légitimement se demander si un peuple disposant d’une autonomie politique, d’un parlement, d’un président, d’un gouvernement, d’une police armée, d’une justice et libre de développer à sa guise sa langue, sa culture et ses relations internationales puisse à proprement parlé être considéré en état d’occupation. 52. Je connais nombre de peuples occupés qui envieraient cet état ou tout au moins s’en contenteraient, et ce n’est pas aux nationalistes corses que je pense, bien que leurs prérogatives soient bien moindres. 53. Quant au non-respect par Israël du statut de Jérusalem, c’est un sujet un peu compliqué, mais cela vaut la peine de s’y arrêter vue l’importance politique, spirituelle et symbolique de cette ville pour tant de gens dans le monde. 54. Le plan de partage de 1947 avait prévu un statut spécial pour Jérusalem et sa région, une entité séparée distincte sous tutelle des Nations Unies. Ce statut a perdu son sens quand les Nations Unies n’ont pas objecté à l’annexion de Jérusalem Est par la Jordanie, ont toléré qu’elle expulse ses 3.000 habitants juifs et qu’elle refuse aux Juifs l’accès à leurs lieux saints, le KOTEL HAMAARAVI, le Mur occidental dit improprent Mur des Lamentations. En 1954 ce statut a été abandonné quand les Nations Unies ont décidé de mettre fin à l’activité du Comité de Tutelle sur Jérusalem. 55. Dès lors, Jérusalem Ouest aurait dû être reconnue comme partie intégrante de l’Etat d’Israël. De fait en 1955 les EU s’apprêtaient à le faire, mais ils firent machine arrière de peur que leur décision ne soit exploitée par l’URSS pour accroître son influence dans la région. 56. La France, qui à l’époque se con sidérait toujours comme la fille aînée de l’Eglise, s’accrocha à ce statut désuet, mais plein de promesse pour elle et pour l’Eglise. 57. Par contre plusieurs pays d’Amérique latine et d’Afrique ouvrirent leurs ambassades dans la capitale d’Israël, à Jérusalem Ouest. Il y en avait 4 en 1961, 15 en 1965 et 18 en 1966. 58. Le 5 juin 1967, faisant foi aux assurances de Nasser que TSAHAL était en déroute, et non à celles d’Israël, Hussein de Jordanie commença à bombarder la partie ouest de Jérusalem. 59. Après 3 jours d’hésitation, le parti national religieux s’opposant avec vigueur à la prise de la vieille ville de Jérusalem et ses lieux saints, le gouvernement décida de riposter et de s’emparer de Jérusalem Est. 60. Peu après il ordonna le démantèlement des barrières qui coupaient la ville en deux, définit un nouveau périmètre[10], et annonça que toutes les personnes vivant dans ce périmètre bénéficieraient des services municipaux, des allocations de la Sécurité Sociale et du droit de voter aux élections municipales. 61. Dans la foulée le Ministre de la Défense annonça que la Mosquée Al AKSA et le Dôme du Rocher continueraient d’être administrés par le WAKF jordanien. La Jordanie accepta ce dispositif et ouvrit à Jérusalem-Est un bureau pour prolonger, renouveler ou octroyer des passeports à ses ressortissants. 62. D’autres pays décidèrent de transférer leurs ambassades à Jérusalem[11]. Cette situation resta en l’état jusqu’en Aout 1980. 63. Le 30 juillet 1980 la Knesset adoptait la loi fondamentale Jérusalem Capitale d’Israël proclamant son caractère indivisible et inaliénable et précisant qu’une majorité absolue de 61 sièges serait nécessaire pour abroger ou amender cette loi. 64. Le Conseil de Sécurité réagit aussitôt en adoptant la résolution 478 (20 Aout 1980) par 14 voix et une abstention (USA) stigmatisant cette loi comme violant le droit international et enjoignant aux Etats membres de retirer leur représentation à Jérusalem. 15 Etats obtempérèrent[12] et déplacèrent leur ambassade à Tel Aviv. 65. Quinze ans plus tard, le Congrès US adopta le JERUSALEM EMBASSY ACT stipulant que Jérusalem devait être reconnue comme capitale de l'État d'Israël et que l'ambassade des États-Unis devait y être établie avant le 31 mai 1999. Les présidents US invoquèrent leurs prérogatives en politique étrangère pour justifier d’année en année le report de cette injonction. 66. Jusqu’à TRUMP. Le 6 XII 2017, il reconnut Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël et précisa que le Département d’Etat avait reçu instruction de commencer les préparatifs pour déplacer l’ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem.[13] 67. Le Conseil de Sécurité fut aussitôt (18 XII 2017) saisi d’une proposition condamnant la déclaration de TRUMP et exigeant son abrogation. Bien que soutenu par 14 de ses membres cette résolution fut rejetée, les EU ayant cette fois opposé leur veto. 68. Trois jours après (21 décembre 2017) l’Assemblée Générale des NU adoptait une résolution déclarant nulle et non avenue la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme capitale d’Israël, par une nette majorité mais avec un nombre sans précédent d’opposants et surtout d’abstentions et d’absents.[14] 69. Contrairement aux résolutions du Conseil de Sécurité celles de l’Assemblée Générale ne sont pas contraignantes. Le veto opposé par les E-U marque donc un tournant dans la diplomatie américaine et aussi dans le droit international concernant Jérusalem. 70. Le président Macron a expliqué au CRIF pourquoi la France ne suivrait pas les Etats Unis. J’ai dit à mon ami TRUMP qu’au moment où il a annoncé sa décision unilatérale il n’a pas aidé à la résolution du conflit, ni aidé à améliorer la situation sécuritaire. Je pense que c’est une véritable erreur. Si la France suivait cette voie elle perdrait le rôle de bon brooker (facilitateur) qui est le seul utile pour cette région, que les EU avaient eu et qu’ils ont ainsi perdu. La reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et de la Palestine adviendra, mais ça doit venir au bon moment du processus, dans un jeu équilibré, qui avancera. 71. En cherchant bien, on découvre que le président de la république française a fait précéder son propos d’une petite phrase bien plus édifiante, i.e. qu’au-delà du fait que c’est la position historique de la France, c’est la seule position utile[15] 72. Quel aveu ! Quel déni de la réalité ! Observons que le président Macron ne dit plus que la décision américaine est contraire au droit international. Et pour cause. Le véto américain est passé par là. 73. Macron confesse que le refus de la France de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël vient de ce que c’est la position traditionnelle de la France. La position traditionnelle de la France a été de se résigner à l’existence d’Israël puisqu’on ne pouvait faire autrement[16], mais de veiller à ce qu’il ne déploie pas trop ses ailes[17] et ne gêne ses ambitions, en tant que fille ainée Eglise, protectrice des Chrétiens, et en tant que nation ayant incorporé l’Algérie, une énorme population arabe et musulmane et aspirant à une alliance stratégique avec le monde arabe et musulman, comme autrefois François 1°. 74. Comment éviter qu’il ne déploie ses ailes ? En le maintenant à l’état d’Etat croupion, en lui refusant le droit élémentaire de décider de sa capitale, en lui déniant ses lieux historiques comme la France l’a fait à l’UNESCO, en l’enserrant dans un corset de conditions pouvant frustrer son ambition ardente comme disait De Gaulle, par exemple en liant la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël à celle de Jérusalem comme capitale de l’Etat de Palestine. 75. La seule position utile, c’est bien sûr l’utilité pour la France, même si on veut la masquer sous le vocable de facilitateur du règlement du conflit entre Israël et les Palestiniens. 76. Le déni des réalités. C’est que cette position traditionnelle n’a pas été utile à la France qui a dû renoncer à l’Algérie, a été impuissante à protéger les Chrétiens et dont l’influence dans le monde arabe n’a fait que décliner. 77. Quant au conflit entre Israël et les Palestiniens, la France, comme d’ailleurs tout autre puissance, a-t-elle jamais été en capacité d’aider à le résoudre ? La seule fois où il y a eu une avancée, c’est lorsque Israéliens et Palestiniens ont négocié directement les accords d’Oslo, à l’insu des puissances. 78. Le président Macron est dans l’erreur. La position historique de la France n’a jamais fait avancer la résolution conflit. Bien au contraire. Car elle revient à remettre entre les mains des Palestiniens une sorte de véto qui égare leur réalisme. Ce soi-disant jeu équilibré n’est qu’un mauvais service. 79. Venons-en au dernier grief, qu’Israël est responsable de l’impasse dans laquelle se trouve le processus de paix avec les Palestiniens. Israël a sans doute sa part dans l’enlisement du processus et prend moins l’initiative que par le passé, comme en 1993 et en 1995 avec Oslo I et Oslo II, ou comme en 2004 avec le retrait unilatéral de la Bande de Gaza, qui a entrainé le démantèlement de toutes les localités juives et le rapatriement de 8.000 Juifs de la Bande de Gaza et de deux localités du Nord de la Samarie. 80. Après des décennies de confrontation et d’affrontement, Israéliens et Palestiniens ont appris à se connaître, pour le meilleur et pour le pire. Du côté d’Israël, on a de plus en plus le sentiment d’un marché de dupe. Les concessions d’Israël ne se soldant que par plus de terrorisme. 81. La réaction de l’Autorité Palestinienne à l’exigence Israël d’être reconnu comme Etat de la nation juive montre que le refus de l’Etat juif reste entier, l’important pour Palestiniens étant moins de disposer d’un Etat, que d’entraver un Etat juif, avec l’espoir qu’un jour ils parviendront à le dissoudre avec l’aide des Arabes, des musulmans, de la communauté internationale. C’est comme si on revenait au rejet du plan de partage de 1947 ou à celui du plan Peel de 1936 ! 82. On se souvient que la Société Des Nations avait confié à la Grande Bretagne un mandat sur la Palestine pour créer un foyer national pour le peuple juif conformément à déclaration Balfour, incorporée in extenso dans le texte du Mandat. Vue l’opposition de plus en plus violente des Arabes de Palestine, la puissance mandataire demanda à la Commission Peel de faire des propositions (1936) 83. La Commission Peel proposa d’attribuer plus de 80% de la Palestine aux Arabes, et moins de 20% aux Juifs. Bravant tous les partis sionistes, y compris le sien, Ben Gourion mit toute son énergie à les convaincre d’accepter la portion congrue, l’essentiel étant un État, quel que soit sa taille. Les Juifs acceptèrent la proposition de la Commission Peel. Les Arabes de Palestine la refusèrent préférant renoncer à un Etat arabe sur les 4/5 du territoire de Palestine mandataire, empêchant ainsi le sauvetage de centaines de milliers de réfugiés juifs d’Allemagne qu’aucun pays n’était prêt à accepter, y compris le pouvoir mandataire britannique en Palestine. 84. De sorte qu’il n’est pas tellement surprenant que le maximum qu’Israël soit prêt à concéder pour parvenir à un règlement, soit une autonomie élargie, mais pas un Etat qu’ils ont d’ailleurs déjà en Jordanie dont ils forment plus des trois quarts de la population. 85. Jusqu’ici je n’ai pas abordé un sujet considéré pourtant comme cardinal dans les rapports entre Israël et les Nations, celui de l’antisémitisme. Non qu’il ait disparu ou qu’il se soit réduit substantiellement, loin de là, malgré les lois prises contre lui dans plusieurs pays et malgré la commémoration annuelle depuis 2006 de la journée internationale des victimes de la Shoah, tant aux Nations Unies que dans un nombre croissant de pays membres.[18] 86. Mais parce que comme le soulignait de façon magistrale Leroy Beaulieu l’antisémitisme est avant tout le symptôme d’un mal rongeant les sociétés où il se développe.[19] 87. En conclusion, malgré la sape et les critiques dont l’Etat d’Israël fait encore l’objet, le bilan de ses rapports avec les Nations est plutôt positif. Il y a trois signes qui indiquent que ce bilan pourrait prochainement s’améliorer. 88. Le premier signe est la déclaration d’une personnalité saoudienne, qu’en tant qu’Arabes nous devons reconnaitre que Jérusalem est un symbole religieux aussi sacré pour les Juifs que La Mecque et Médine le sont pour les Musulmans. La pensée arabe doit se libérer des perceptions et préjugés de l’islam politique, tant sunnite et chiite, de la haine des Juifs et du déni des droits historiques du Peuple juif à Jérusalem.[20] 89. Le second est la conférence réunie le 13 mars dernier à la Maison Blanche pour traiter de la crise humanitaire à Gaza. 19 nations y participaient dont l’Egypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite, le Qatar, Bahreïn, Oman, les Emirats arabes unis, plusieurs pays européens et Israël. L’AP l’a boycotté. 90. Le troisième est l’annonce faîte par un arabe habitant Jérusalem Est qu’il serait candidat aux prochaines élections municipales ainsi qu’un sondage indiquant que plus de 60% des habitants de Jérusalem Est entendaient prendre part à ces élections. Jusqu’à maintenant, moins de 5 % avaient bravé les consignes de boycott de l’AP.
Yohanan Manor, Jérusalem, 20 Mars 2018
[1] Lors de la visite au GUDJERAT plus de 100.000 personnes ont acclamé Netanyahu. Ni le premier ministre canadien, ni le président français n’ont rien eu de tel. [2] ALERT, 26 février, 2018 [3] Libération 20 décembre 2001 [4] Lettre au Daily Telegraph, Décembre 2001. Je n’ai bien sûr jamais eu l’intention d’insulter Israël ou tout autre partie de cette région. La présentation délibérément déformée de cette conversation dans certains cercles est… choquante et insultante. Le seul petit problème c’est que le journaliste ayant soi-disant déformé les propos de l’ambassadeur était la femme de lord Black propriétaire du Daily Telegraph [5] La IV° convention de Genève 1949 stipule que dans un territoire occupé les civils doivent être protégés de tout acte hostile, qu’ils ne peuvent être pris en otage, servir de bouclier humain ou faire l’objet de représailles ; que l’armée d’occupation doit assurer leur protection, ne pas les déporter et ne pas implanter de colons civils. [6] Robespierre a utilisé l’expression « criminel envers l’humanité » à l’endroit de Louis XVI. (3.XII.1792). Un mb Convention a parlé de « crime de lèse-humanité » pour dénoncer l’esclavage des noirs (1794). Dans une déclaration commune (1915) la FR et la GB ont qualifié de « crimes contre l'humanité et la civilisation » le massacre des Arméniens par les Turcs. En droit positif le concept de crime contre l’humanité n’apparait qu’en 1945. Défini par ART 6c Tribunal militaire international Nuremberg : l'assassinat, l'extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain inspirés par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux et organisés en exécution d'un plan concerté à l'encontre d'un groupe de population civile ». [7] Dans les zones A et B vivent 2,8 millions de Palestiniens. Dans la zone C, 150.000. [8] R.G. Reconsidering the Goldstone Report on Israel and War Crimes, Washington Post April, 1, 2011 [9] 1 juin 2016 Université hébraïque. [10] Avant le changement de périmètre, Jérusalem-Ouest, s’étendait sur 35 Km2 avec 200.000 habitants. Jérusalem Est sur 5 km2 avec 67.500 habitants. Après, la ville s’étendait sur 106 km2, incorporant 28 villages jordaniens alentour. [11] En 1980 Jérusalem comptait 407.000 habitants, 292.000 Juifs, 115.000 musulmans et 12.000 chrétiens. [12] Bolivie, Chili, Colombie, Costa Rica, République dominicaine, Equateur, Salvador, Guatemala, Haïti, Pays-Bas, Panama, l'Uruguay, Venezuela [13] 2016, Jérusalem comptait 874.000 habitants, 532.700 juifs, 315.000 musulmans et 12.500 chrétiens. [14] 128 voix pour, 9 voix contre, 35 abstentions et 27 absents. [15] Au diner annuel du CRIF le 7 mars 2018 [16] Voir la mise en garde de VISANOVA, Vice Consul de France à Jérusalem, en 1947, qui lui valut son rappel. [17] Interrogé lors de sa conférence de presse du 27 XI 1967 sur situation au PO de Gaulle répondit que beaucoup se demandaient si « les Juifs, jusqu'alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu'ils avaient été de tout temps, c'est-à-dire un peuple d'élite, sûr de lui-même et dominateur, n'en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu'ils formaient depuis dix-neuf siècles : l'an prochain à Jérusalem » [18] Selon une résolution de l’Assemblée générale des NU de 2005. [19] Elles sont malades nos soc contemporains + malades que ne l’imagine le + convaincu des antisémites. L’erreur antisémitisme est de se méprendre sur causes mal et siège du mal. Il n’en aperçoit … qu’un symptôme, et ce symptôme il le prend pour le principe morbide … Il n’est pas vrai que pour rendre santé aux nations modernes il suffise d’en retrancher le sémite… Le mal est autre t grave et autre t profond. Le mal est en nous m, dans notre sang… ce n’est pas un corps étranger qu’il suffit p guérir d’enlever. Les J seraient jusqu’au dernier bannis T de F, Israël aurait disparu de face EUR que F ne serait guère + saine, ni EUR mieux portante. La 1° chose p guérie c’est de connaitre sa maladie. Or A-S ns fait illusion, il ns aveugle sur ns m en s’efforçant de ns faire croire qu’au lieu d’être en ns, la cause de notre mal est hors de ns. Pas d’erreur + dangereuse. Ns sommes atteints d’une affection i qui tient à notre constitution et à t notre régime. Israël c/o Nations, op. cite, pp 43-44 [20] Le 17 décembre 2017 le directeur du MIDDLE EAST INSTITUTE de Djeddah Il s’agit d’ ABDUL HAMID HAKIM dans un Interview à ALHURRA. Il avait accompagné le général saoudien à la retraite ANWAR ASHIQAT lors de sa visite en Israël 22 juillet 2016. |
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