« ISRAEL, SEUL ÉTAT-NATION DU PEUPLE JUIF ET NON PAS ÉTAT NATION DU SEUL PEUPLE JUIF »
État-nation : On appelle « État-nation », un État qui coïncide avec une Nation établie sur un territoire délimité et définie en fonction de l’identité commune à une population et qui lui confère sa légitimité. C’est un concept politique qui est la rencontre d’une notion d’ordre politique et juridique (l’État) et d’une notion d’ordre identitaire (la Nation). Il se caractérise par une autorité fondée sur une souveraineté émanant de citoyens qui forment une communauté à la fois politique et culturelle, partageant la même histoire et le même destin. L’État-nation s’oppose à l’État multinational ou binational.
État Juif est le terme utilisé par l’ONU dans sa résolution du 29 Novembre 1947 pour désigner l’un des deux États devant être crées en Palestine mandataire, terme repris par l’État d’Israël pour se qualifier dans sa déclaration d’indépendance de 1948 ; l’autre étant un État Arabe, et non Palestinien (différent de la Jordanie créé de toute pièces par les Anglais et dont la population est à 70% palestinienne.) Cette notion se traduit au niveau symbolique par la date apposée sur la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël (le 5 Lyar 5708 du calendrier hébraïque et non le 14 Mai 1948 du calendrier grégorien) et au niveau pratique, par de nombreuses institutions (en particulier le Beit Hamichpat haelyon = Cour suprême de justice) et lois dont celle du retour, votées par la Knesset le 5 juillet 1950, énonçant que « Tout juif a le droit d’immigrer dans ce pays ».
En 1896, Théodore HERZEL avait publié un ouvrage souvent considéré comme fondateur du sionisme et intitulé Der Judenstaat. Traduit en Français ce titre aurait dû devenir L’État des Juifs mais HERZEL semble lui avoir préféré celui de L’État Juif et il est également traduit en Anglais par The Jewish State. Pour Théodore HERZEL, c’est un État POUR les juifs : « Les juifs qui le veulent auront leur État ». (Im tirtsou ein zo agada).
Dans la Déclaration Balfour de 1917, les termes : « Establishment in Palestine of a national home for the Jewish people » traduit en Français par «Établissement en Palestine d’un foyer national juif » implique la notion d’État-Nation du peuple Juif, avec le sens de REFUGE pour les juifs discriminés par 20 siècles d’ANTISÉMITISME, et donner un sens à leur aspiration à l’autodétermination. (Si je t’oublie Jérusalem….. et l’an prochain à Jérusalem….)
Dans les premières décennies suivant la création de l’État d’Israël et du fait de la complexité du fait juif, la question s’est posée de savoir si l’État Juif devait être un État laïc dont les membres se trouvent être d’ascendance juive ou un État dont la constitution se conformerait aux prescriptions du judaïsme. Plus récemment et dans un autre contexte, la notion est réapparue lors des négociations entre Israéliens et Palestiniens avec la possibilité de résider sur cette aire géographique parce que juifs.
Le 12 octobre 2010 le gouvernement israélien s’est prononcé en faveur d’un projet de loi qui exigerait que tout candidat à la citoyenneté israélienne promette loyauté « à l’État Juif et Démocratique d’Israël ». Simultanément, le gouvernement israélien a exigé comme condition préalable à la reprise des négociations de paix, que les Palestiniens reconnaissent Israël, comme État Juif, en réponse à l’exigence palestinienne du droit au retour des réfugiés qui sont passés de 500 000 en 1948 à 5 000 000 aujourd’hui. Cela a amené les différentes diplomaties s’engageant dans la résolution du conflit à se prononcer sur le sujet. Ce qui n’a pas manqué de diviser les Européens. Les uns étant complètement opposés à toute mention en tant qu’État juif : la France, la Grande Bretagne l’Irlande, l’Espagne, le Portugal, la Belgique, la Slovénie, l’Autriche et le Luxembourg. En revanche, cette notion serait acceptée par l’Allemagne, le Danemark, les Pays Bas, l’Italie, la Roumanie, la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque. Il faudrait savoir ce que veulent une fois pour toute les Européens, qui en plus de chercher à se disculper, devraient arrêter de jouer sur des notions qui entraînent des ravages, et sont en réalité destinées à atténuer les clivages provoqués par les Migrants en détournant l’attention et en utilisant Israël comme l’éternel bouc émissaire ou comme le juif des nations. Israël existe et a vocation à continuer à exister, qu’on l’appelle État-Nation ou comme on le voudra. ISRAEL pour tout le monde et jusqu’à preuve du contraire signifie JUIF.
Tous les pays arabes représentés à l’ONU en 47 ont votés contre le plan de partage de la Palestine et donc contre la création de l’État juif. Selon MEMRI (Middle East Media Research Institute) le Président de l’Autorité Palestinienne aurait déclaré le 23 octobre 2011 : « Je ne reconnaitrait jamais la judaïté de l’État (d’Israël) et ne reconnaitrait jamais un État Juif ». Et il ajoute que le futur État Palestinien sera Judenrein (sans juifs). Se reporter également à sa thèse de doctorat révisionniste présentée en 1982 à l’Institut d’Études Orientales de Moscou.
Avec le temps deux pays arabes du premier cercle ont déjà signé des traités de paix avec Israël (Égypte et Jordanie) et la situation géopolitique de la région étant en plein bouleversement, de nouvelles relations avec les pays arabes sunnites changent et pourraient déboucher sur des alliances militaires et d’autres traités. Mais cela demande du temps et ne se fait pas en claquant des doigts. On exige toujours plus d’Israël en oubliant que ce pays n’existe que depuis 70 ans, trois générations, et qu’il a déjà réalisé son idéal : « Une Nation souveraine et indépendante » tout en étant conscient que rien n’est acquis définitivement.
Alors qu’y a-t-il donc de nouveau avec la nouvelle loi où Israël s’affirme « L’État–nation du peuple juif » ? RIEN, OU PRESQUE RIEN. Si ce n’est que les éternels ennemis d’Israël s’en sont aussitôt accaparés pour appuyer la délégitimation d’Israël, nouveau cheval de bataille des antisionistes pour nier son droit légitime et reconnu à l’existence et en continuant à le diffamer. Un pays nommé ISRAEL pourrait-il être celui d’un autre peuple que les juifs ? Il faudrait le dénommer alors différemment. Donc État-nation du peuple juif qui correspond à la dénomination usuellement employée par tous, définirait mieux l’État des juifs ou l’État juif comme tout le monde l’appelle : « ISRAEL ». Mais le texte a immédiatement provoqué un tollé parmi les organisations des droits de l’homme qui l’accusent d’officialiser des discriminations envers les Arabes israéliens qui représentent 20% de la population et donc de dégrader leur statut. Les arabes israéliens musulmans, citoyens avec les mêmes droits que les autres, peuvent circuler librement dans tout le pays, ce qui leur a permis de manifester à Tel-Aviv sur la place Itzhak RABIN en arborant des drapeaux palestiniens et en faisant la prière à la fin de la manifestation. Pour un pays taxé d’Apartheid c’est à noter. Ils ont en outre le droit d’occuper n’importe quelle place dans les autobus et celui d’aller à l’université avec le voile pour les étudiantes arabes israéliennes. Alors où est l’Apartheid !
Intervenant symboliquement dans la foulée de la célébration du 70ème anniversaire de la création de l’État d’Israël avec son corolaire palestinien, la Nakba (la catastrophe, Shoah en hébreu, malgré qu’il n’y ait aucune comparaison possible) et du transfert de l’ambassade des États Unis à Jérusalem, désormais reconnue comme capitale de l’État hébreu par les USA, la loi adoptée par 62 voix contre 55 de parlementaires dont 2 membres de la coalition gouvernementale, déclare notamment que l’hébreu devient la seule langue officielle d’Israël. L’arabe avait auparavant un statut identique à l’hébreu et n’aura donc plus qu’un « statut spécial » ce qui ne change rien aux usages en cours avec la signalisation routière, le nom des rues dans les deux langues et l’enseignement de l’arabe à l’école. Autre mesure contenue dans la loi : les implantations juives en Israël relèvent de l’intérêt national et Jérusalem est la capitale d’Israël. Enfin, la loi prévoit que le calendrier lunaire juif est le calendrier officiel du pays. Il faudrait enfin arrêter de se cacher derrière son petit doigt ! La France reste bien la Fille ainée de l’Église et le Président de la République le Chanoine du Latran », avec Paris pour capitale, ce qui ne l’empêche pas d’être une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Et le Français la seule langue du pays appelé « France ». Alors quelle capitale autre que Jérusalem pour Israël. On se le demande ? Il faut affirmer qu’Israël n’enlève rien aux droits de ses minorités qui, il faut le dire, ne souhaitent pas changer de nationalité, sauf à devenir majoritaire démographiquement ce qui changerait la nature de l’État. Dès lors quel autre pays pour les juifs ? Israël est bien le SEUL État nation du peuple juif et non pas l’État nation du SEUL peuple juif.
Le texte qui entre dans la catégorie des lois fondamentales –qui font office de Constitution en Israël—ne reconnaît le droit à l’auto-détermination qu’aux seuls juifs. Et le dénie donc aux citoyens arabes : « Israël est l’État-nation du peuple juif dans lequel il réalise son droit naturel, culturel, historique et religieux à l’auto-détermination » y est-il écrit. « C’est un moment décisif dans les annales du sionisme et de l’Histoire de l’État d’Israël », s’est félicité le premier ministre qui avait fait de ce texte son cheval de bataille. « Nous continuerons à garantir le respect des droits civiques dans la démocratie israélienne, mais la majorité a aussi des droits et la majorité décide. Une majorité absolue veut garantir le caractère juif de notre État pour les générations à venir », a ajouté Benjamin Netanyahou. Y aurait-il du mal à affirmer une réalité ? Les députés arabes au parlement –à noter que nulle part dans le monde arabe il n’y a des députés juifs—ont bruyamment exprimé leur indignation après le vote. « J’annonce avec stupéfaction et tristesse la mort de la démocratie » a déclaré le député Ahmed TIBI, qui dénonce sans arrêt le caractère colonial, fasciste et antidémocratique de l’État, en refusant l’hymne national et en piétinant le drapeau, sans être à aucun moment sommé de se taire. Cette loi est « dangereuse et raciste par excellence, elle légalise officiellement l’apartheid » a dénoncé le secrétaire général de l’OLP, Saëb ARAKAT. Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veux pas voir et qui voit toujours la paille dans l’œil du voisin mais ne voit pas la poutre dans le sien. Il faut dénouer les fils de cet imbroglio et voir plus loin que le bout de son nez.
Cette loi arrive dans un contexte de tensions extrêmes aux frontières Nord et Sud avec les menaces incessantes de l’Iran, du Hezbollah et du Hamas. C’était le bon moment pour semer la discorde à l’intérieur du pays en excitant les minorités. Ce que s’est empressée de faire l’opposition au gouvernement en place. Grave responsabilité. Toutes choses qui ne poussent pas à la sérénité et à une analyse lucide et impartiale d’une situation critique pour la seule démocratie de la région et où une partie de la population peut être séduite, dans une réaction de défense, par les sirènes de l’ultra nationalisme et l’appel messianique, et l’autre à la confusion et au désordre par l’appel au soulèvement, ce qui conduirait à la guerre civile. D’autre part les développements de l’antisémitisme dû à l’islam radical dans le monde n’ont pas tendance à améliorer la situation. Et les islamistes s’en servent pour attiser la haine d’Israël et des Juifs.
L’Isolement pour ne pas dire le lâchage d’Israël par ses amis n’a pas favorisé la prise de confiance des israéliens face aux palestiniens auxquels ils ont accordé une autonomie depuis 25 ans et qui n’a finalement eu pour effet que d’encourager les affrontements et la haine des juifs. Et la 2nde Intifada a développé chez les israéliens la plus grande méfiance quand aux buts exacts des palestiniens. Mais pire, avec le BDS, les juifs sont de plus en plus enfermés dans leur solitude.
Le malheur du monde est suffisamment grand pour que ceux qui le commentent ne se trompent pas de mots afin de pouvoir en dire la réalité. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». Il n’y a pas d’autre histoire au monde, pas d’autre nom, pas d’autre récit que ce qui est produit sur et à propos d’Israël, qui ne confirme la justesse de ces mots d’Albert Camus. Depuis les années 2000, la nazification est le plus sûr moyen d’accabler Israël et d’éponger le passé de l’Europe et pour tous les obscurantistes de faire passer le goulag islamiste pour le paradis pour tous. En occident, pour tous les borgnes idéologiques, les révolutions arabes réactivaient le signal pavlovien qui fait se gaver d’illusions : l’avenir radieux se profilait à nouveau sans voir que sous les pavés c’était la Charia qui se profilait et non la plage. Ainsi tous ceux qui sont dans le déni de l’islamisme mais qui pointent aussitôt un doigt accusateur en direction d’Israël, nous taxent de colonialistes, de racistes et d’islamophobes. Ne pas voir que la haine des juifs est la matrice de la lecture que les islamistes font de l’islam est une considérable erreur d’appréciation de son idéologie à laquelle est soumise aujourd’hui une grande partie du monde. L’idéologie islamiste vise la reconquête par l’islam d’un espace dont il estime être légitimement propriétaire de droit divin.
En tant que Francs-Maçons israéliens, nous sommes atterrés, dévastés de constater les dégâts du terrorisme qui entraine la peur de l’autre et fragilise la démocratie, mais beaucoup plus préoccupés par le risque d’embrasement de la région que par cette loi qui n’a finalement été promulguée que pour satisfaire les ultra orthodoxes qui ne veulent pas faire de service militaire mais qui comptent sur Tsahal pour les défendre ; la frange réactionnaire de la coalition qui veut en découdre avec les arabes ; et par un gouvernement qui vise à se maintenir en place en s’assurant la victoire dans des élections anticipées.
Majoritairement, nous voulons la paix mais nous sommes trop seuls à la vouloir. Nous voulons aussi un pays juif pour les juifs, surtout à ce moment où l’histoire bégaye, particulièrement en Europe et où les vieux démons se réveillent. Cette machination qui menace Israël menace aussi la Franc-Maçonnerie. Repère, comme tout le monde le sait, de juifs et de sionistes. Et le sempiternel complot judéo-maçonnique renait de ses cendres. Il est en marche, prenons garde à ne pas nous tromper d’ennemi.
On peut être opposé à la politique du gouvernement israélien mais on ne peut pas être opposé à ce que représente l’État d’Israël, tant dans son droit à l’indépendance, que dans sa vocation à être le seul État-Nation du peuple juif et un refuge pour les juifs qui le veulent, tant en terme de Nation qu’en termes d’État, de Démocratie, de Liberté, de Tolérance envers ses diverses minorités et de lutte contre l’obscurantisme et de terrorisme international. Ce n’est pas, bien sûr, la perfection mais cet État n’a que 70 ans. Il peut connaître des moments sombres et d’autres plus lumineux comme n’importe quelle nation. Il est confronté à un voisinage caractérisé par des dictatures et des tyrannies contre lesquelles il est fondé à se défendre. Mais le monde est intransigeant et très exigeant avec Israël, tout en détournant son regard sur ce qui se passe en Syrie par exemple.
Israël aspire à la paix et à la coopération avec ses voisins. Mais il faudrait que ceux ci le veuillent avec lui.
Israël est un rêve. Un rêve vieux de 2000 ans, mais un rêve réalisé. Ses ennemis le savent, ses amis feignent encore trop souvent de l’ignorer. Prenons garde que le rêve ne devienne cauchemar : il hanterait nos nuits pour l’éternité et signerait la fin de la Démocratie et de la Liberté.
Jean-Charles BENAMARA |